Joueur du Grenier « 1 – Ma folle jeunesse » – 48 pages – 10,45€ – disponible depuis le 25 octobre 2012 en librairies

Attendez un peu, vous n’allez pas me faire croire que cela vous étonne que le Joueur du Grenier soit adapté en bande dessinée, ce sympathique barbu gamer qui pique régulièrement des crises de nerf aux couleurs des tropiques et dont les vidéos ont été regardées pas loin de 90 millions de fois sur YouTube ? C’était presque inévitable, la popularité du Joueur du Grenier, connu par ses parents et l’état civil sous le nom de Frédéric Molas, est désormais telle qu’une rencontre avec le dessinateur Piratesourcil n’a pas mis longtemps à aboutir à cette BD mettant en scène notre Joueur du Grenier (JDG) sous sa forme rajeunie. Pas seulement parce que les héros-gamins genre Titeuf et Cédric, ça marche plutôt fort, mais aussi car de cette manière, le JDG nous fait revenir à une époque que le cœur de son public a particulièrement bien connue, une époque où l’on comptait encore en francs, où nos héros n’étaient pas d’obscures stars du catch mais Sangoku et Sailor Moon et où la passion du jeu vidéo était probablement la plus forte. C’est aussi de cette façon que l’on pourra découvrir comment le JDG en est venu à développer cette incroyable faculté de souvent se retrouver avec des jeux pas vraiment tops entre les mains.

L’humour de Fred et Seb (son fidèle compagnon) est-il aussi efficace en bulles qu’en vidéo ? Pour le savoir, il m’a fallu me plonger dans cet ouvrage dont le format BD amène fatalement à un faible nombre de pages (48). Ce qui est plutôt malheureux vu le prix de ce premier tome, 10,45€. Il n’y a plus qu’à espérer que le contenu vaille largement les sous dépensés, un désir qui devrait se voir à priori exaucé puisque le scénario de cette BD est co-signé Frédéric Molas.

Le style graphique est trèèès accessible sans être trop générique, les cases ne sont jamais chargées, bref, c’est pour tous les yeux. Mais l’ensemble prend bien plus de sens si l’on a possédé une/un Game Boy au moment de sa sortie, ou si l’on a connu la folie des Tamagotchi. Pour être clair, votre petit frère de sept ans trouvera la BD rigolote (« ha ha, c tro draule vos trucs de la préhistoire lol ») mais passera à côté d’un certain nombre de références. Et il ne pourra pas non plus sourire de retrouver Usul de Jeuxvidéo.com s’il n’a jamais consulté le site en question, mais ça c’est une bonne chose car cela prouvera l’attention portée par ses parents à son éducation. Cependant, à la lecture de ces histoires courtes, il rira sans doute plus que vous, vous qui venez de passer le quart de siècle voire la demi-soixantaine. Parce que, je l’avoue, si cette BD se lit assez vite et avec plaisir, elle met du temps à démarrer. Les gags apparaissent convenus pendant la première dizaine de pages, mais remontent de quelques niveaux par la suite.

En fait, voilà, il faut attendre l’arrivée des amis du petit Grenier (Séb, Cœur de vandale et Realmyop) pour que la BD en devienne plus intéressante à parcourir. Et ce malgré la manie assez barbante de la mère de Grenier à toujours tomber à la renverse à la fin de chaque sketch, un gimmick un peu trop récurrent à mon goût et qui aurait pu être remplacé par, je ne sais pas, un gros plan à chaque fois différent sur sa mine déconfite. La BD se conclut par un petit cliffhanger alors qu’il reste encore quelques pages à remplir. Sur ces dernières, on trouvera à la place quelques dessins de fans ainsi que des questions aux auteurs. Certaines illustrations auraient d’ailleurs mérité qu’on clique dessus pour les agrandir, mais il faudra pourtant se contenter de leur format réduit.

Ce premier volume des aventures du petit Joueur du Grenier reste sympathique en dépit de quelques défauts plus ou moins rédhibitoires (classicisme de certains gags, des petites fautes d’orthographe, son prix, c’est court m’enfin !). Même en ayant beaucoup d’affection pour le personnage, il se peut que vous trouviez l’intérêt de cette BD un peu chiche comparée aux vidéotests du JDG qui apparaissent, elles, plus pertinentes. Certes, la bande dessinée tend plus à nous montrer l’univers dans lequel a gravité le Joueur du Grenier (et vous aussi, éventuellement), mais peut-être que si ce dernier y apparaissait plus souvent (sous sa forme actuelle, sa version « chibi » étant peut-être un peu trop lisse), nous retrouverions ce petit quelque chose qui nous le rend si attachant en vidéo. A conseiller aux fans en faisant la moue.