Second roman d’Ernest Cline après un Player One porté sur grand écran par Steven Spielberg, Armada reste dans le créneau de l’aventure parsemée, si ce n’est gorgée, de références à la culture geek. Le héros, Zack Lightman, découvre que ses talents de joueur vont peut-être lui permettre de sauver la Terre d’une menace extraterrestre.

 

Résumé

Second roman d’Ernest Cline après un Player One porté sur grand écran par Steven Spielberg, Armada reste dans le créneau de l’aventure parsemée, si ce n’est gorgée, de références à la culture geek. Le héros, Zack Lightman, découvre que ses talents de joueur vont peut-être lui permettre de sauver la Terre d’une menace extraterrestre.

Armada
Ernest Cline
Éditions Hugo Roman
Collection Nouveaux Mondes
Paru le 15 mars 2018 (édition française)
416 pages
19,95€

Auteur

Ernest Cline est né le 29 mars 1972 (c’est donc un bélier) à Ashland, État américain de l’Ohio. C’est en 2009 qu’il démarre une carrière artistique en co-signant le scénario de la comédie Fanboys de Kyle Newman. Deux ans plus tard, il rend son premier roman de science-fiction, Player One, qui sera ensuite réédité sous le nom de son adaptation cinématographique Ready Player One. Il est d’ailleurs d’ores et déjà prévu qu’Armada soit lui aussi porté sur grand écran.

Notre avis

À l’instar de la musique, le jeu vidéo est un art qui ne se comprend jamais mieux que lorsqu’il est directement expérimenté. À plus forte raison même dans le cas de ce loisir exclusivement numérique car c’est l’utilisateur lui-même qui le fait vivre, au lieu de n’en être qu’un simple spectateur. Alors en parler, à moins de savoir habilement vulgariser le média, peut se révéler une royale perte de temps. Puisque décoré du Prix Prometheus pour son roman Player One et auréolé d’une adaptation au cinéma par Steven Spielberg, Ernest Cline est sûrement l’une de ces perles rares sachant faire émerger un solide et séduisant propos d’un océan de références à une culture geek présente et passée.

Quatre ans après ce premier bouquin, notre auteur américain n’a visiblement pas épuisé son stock de mots d’amour adressé aux œuvres marquantes de sa génération. Dans Armada, qui vient d’avoir droit à une traduction française, son personnage principal cite ainsi Star Wars à plusieurs reprises (une référence tellement classique qu’elle en avait oublié d’être évidente), Queen, Pink Floyd et il s’en est fallu de peu pour que les aventures de Zack Lightman soient façonnées telle une tentative de top 1 à PUBG. Alors qu’il bulle lors d’un cours, ce collégien aperçoit à travers la fenêtre un vaisseau lui apparaissant étrangement familier. Oui, un gros machin on ne peut plus remarquable que pourtant lui seul semble voir. Dans un premier temps, Zack n’est pas loin de se croire fou et d’avoir ainsi hérité de son père disparu cette dérangeante faculté de mixer le virtuel et le réel. Heureusement pour sa santé mentale, le jeu en ligne Armada lui permet d’évacuer cette tension. Jusque là, le récit semble parti pour nous emmener suivre les élucubrations d’un jeune désorienté adepte du « name dropping ». Mais tout s’accélère quand Zack est invité à embarquer dans une navette de l’Alliance de Défense Terrestre (ADT), une organisation qu’il pensait fictive. Que nenni, l’ADT est bien ancrée dans son monde et ce depuis fort longtemps. Et Zack d’apprendre que ses talents de joueur pourront lui permettre de, peut-être, sauver sa réalité face à une menace extraterrestre.

Et c’est là qu’Armada prend son envol, au propre comme au figuré. Les références deviennent plus à-propos puisque, « sapristi », comment ne pas se sentir d’envie à se raccrocher à des repères marquants quand la survie même de son espèce est en jeu ? On reste certes à suivre le fantasme du « PGM » (Pro Gamer Master) qui trouve enfin le moyen de briller en société par son unique maîtrise des jeux vidéo, mais le profil étant alors assumé, il devient plus digérable. Au contraire de toutes ces descriptions d’intérieurs que l’on nous épargnera forcément quand le film, ingénieux ou non dans sa mise en scène, sera projeté dans les salles.

Le principal intérêt du récit va alors être celui du devenir de l’humanité, et dans des pointillés de plus en plus rapprochés, les réelles intentions de ces envahisseurs. Très tôt, Zack va ainsi se poser la question de savoir pourquoi ces aliens ont attendu aussi longtemps avant de passer à l’offensive, eux que l’être humain était venu déranger en 1973 et qui avaient probablement déjà la puissance nécessaire pour annihiler leur agresseur. Et quand Zack obtiendra sa réponse, le lecteur pourra lui s’estimer déçu de déceler la patte de l’Homme dans ce motif alors qu’une intelligence supposément fort supérieure semblait à même de déstabiliser dans son raisonnement (on pense à ces croyants persuadés que Dieu est capable de vengeance). La fin laisse toutefois la porte ouverte à une suite que l’on accueillera sans difficulté si jamais elle venait à se matérialiser. Pour le film, un pied dans l’entrebâillement suffira, parce que l’on n’est pas à l’abri d’une adaptation qui se contenterait de retranscrire les évènements du livre sans chercher la valeur ajoutée.