Ce dispositif est pour certains une formalité mais pour d’autres un parcours du combattant. Appelés officiellement « présentations », ces parrainages sont encadrés par le Conseil constitutionnel et ont connu une petite réforme en 2016 censée les rendre plus transparents…

 

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De 100 à 500 parrainages pour se présenter à l’élection présidentielle

Lorsque De Gaulle décide d’instaurer l’élection présidentielle au suffrage universel en 1962, la question d’une pré-sélection des candidats est évoquée. L’objectif est d’écarter toute candidature fantaisiste et d’éviter de se retrouver avec une centaine de candidatures. Une règle simple a donc été instaurée : pour pouvoir se présenter, un candidat devait obtenir 100 signatures d’élus, augmentée en 1976 à 500.

Seuls des élus peuvent apporter leur soutien à une candidature, c’est-à-dire les maires mais aussi les députés, les sénateurs, les parlementaires européens, les conseillers régionaux et généraux ainsi que des membres de l’Assemblée corse et des Assemblées d’outre-mer.

Cela représente au total 40 000 élus. Mathématiquement, il pourrait donc y avoir 80 candidats à l’élection présidentielle. Cependant, beaucoup d’élus n’apportent pas de parrainages. Par exemple ils n’étaient que 16 900 à se prononcer en 2007.

De plus, les candidats les plus importants cumulent beaucoup plus de signatures que les 500 nécessaires, ce qui réduit fortement le nombre de candidats probables.

Par ailleurs, pour éviter une multitude de candidatures, les grands partis font pression sur les élus pour qu’ils n’accordent par leurs parrainages aux petits candidats.

Ces présentations d’élus doivent provenir d’au moins 30 départements et 10 % des parrainages maximum (soit 50 signatures) peuvent venir d’un même département. L’objectif de cette mesure est d’éviter la nomination d’un candidat défendant des intérêts purement locaux.

La course aux parrainages de l’élection présidentielle 2017

Pour cette élection présidentielle de 2017, les élus ont reçu les formulaires de parrainages depuis le 25 février, et depuis c’est la course proprement dite.

La loi du 25 avril 2016 a changé les règles du processus de parrainage. Désormais, ce n’est plus aux candidats de récolter les parrainages et de les apporter physiquement au Conseil constitutionnel, mais aux élus, qui doivent les envoyer directement à l’institution par voie postale.

Au moins 2 fois par semaine (le mardi et le vendredi), le Conseil constitutionnel mettra à jour la liste des parrainages par candidats sur son site Internet. Ces listes seront classées par élus mais aussi par candidats, ce qui permettra au public de suivre quasiment en temps réel leur quête pour l’obtention des précieuses signatures. Toujours pour respecter la même volonté de transparence.

Puisque les noms des signataires sont rendus publics, les maires seront plus réticents à donner leur parrainage car ils craignent soit des sanctions de leurs électeurs lors des prochaines élections municipales pour avoir soutenu un candidat hors norme, soit des pressions de la part des grands partis qui détiennent souvent le pouvoir exécutif dans les régions ou dans les départements.

Un chantage peut donc être fait : si un maire accorde un parrainage à un petit candidat, on peut en représailles lui retirer les subventions. Par conséquent, les « petits candidats » rencontrent des difficultés pour obtenir les 500 signatures. Ces difficultés peuvent concerner des candidats qui recueillent pourtant des millions de voix lors de ces élections.

Exemple récent et concret : la récolte des parrainages pour Emmanuel Macron ne devrait être pour lui qu’une formalité, même le secrétaire national du PS, Jean-Christophe Cambadélis, a prévenu que les élus tentés de parrainer le leader d’En Marche seraient exclus du parti.

Ce système a donc des effets paradoxaux : il limite de moins en moins le nombre de candidats (l’élection présidentielle de 2002 ayant constitué un record avec 16 candidats) et dans le même temps, des candidats représentant des millions d’électeurs risquent de ne plus pouvoir se présenter en raison des réticences de plus en plus grandes des élus à accorder leurs parrainages.

Cette année, il est probable que de nombreux candidats sans grand parti, ni moyens, ni couverture médiatique auront les plus grandes difficultés à réunir les 500 signatures, parmi lesquelles Henri Guaino, Michèle Alliot-Marie, Rama Yade, François Asselineau, Christian Troadec ou Charlotte Marchandise.

A suivre.