L’interruption volontaire de grossesse (IVG), ce droit qui a plus de 40 ans et que notre société a encore parfois du mal à intégrer comme une nécessité, comme quelque chose de positif… L’IVG donne aux femmes le choix, le pouvoir de maîtriser leur corps. N’est-ce pas évident ? Il semblerait que non. Entre idées reçues, sites web anti-IVG, propos entendus par ci par là scandaleux, il semblerait que le droit à l’IVG doive encore être justifié. Et expliqué. Voici 10 choses à savoir sur l’IVG.

 

Publi-rédactionnel

 

1. L’interruption volontaire de grossesse (IVG) est un droit

La loi du 17 janvier 1975 relative à l’interruption volontaire de grossesse (IVG), dite « loi Veil » (modifiée par les lois du 4 juillet 2001 et du 26 janvier 2016), dépénalise le recours à l’avortement.

L’article L.2212-1 du Code de la santé publique permet à « toute femme enceinte, majeure ou mineure, si elle ne veut pas poursuivre une grossesse, de demander à un médecin l’interruption de sa grossesse ». Sous conditions, les femmes ont donc le droit de recourir à une IVG. L’IVG est autorisée jusqu’à 12 semaines de grossesse (7 semaines pour l’IVG médicamenteuse).

2 . L’IVG n’est pas dangereuse (ni physiquement ni psychologiquement)

L’IVG est un geste médical simple, fréquent, et les complications sont très rares. L’IVG doit être pratiquée par un médecin (ou une sage-femme). Il existe 2 méthodes d’avortement : l’IVG médicamenteuse (il faut prendre 2 médicaments différents) et l’IVG instrumentale (par aspiration, un acte chirurgical simple). L’IVG médicamenteuse peut se faire chez son médecin de ville.

L’IVG ne cause pas non plus de traumatisme psychologique. Aucune étude sérieuse n’a démontré de telles conséquences chez les femmes ayant avorté. Une femme peut mal vivre une IVG, comme elle peut mal vivre une grossesse… L’IVG n’est pas en soi cause systématique de traumatisme psychologique.

3 . L’IVG médicamenteuse est douloureuse (mais les médecins prescrivent des anti-douleurs)

L’IVG médicamenteuse provoque de fortes douleurs (des contractions utérines que les médicaments provoquent) ; il faut expulser l’embryon. C’est pour cela qu’elle doit être effectuée dans de bonnes conditions avec un médecin et que des médicaments anti-douleur sont prescrits avec l’IVG médicamenteuse. L’IVG médicamenteuse est l’une des 2 options possibles pour avorter. Le choix se fait avec un médecin.

L’IVG instrumentale n’est pas douloureuse, elle se fait sous anesthésie locale ou générale, et ne nécessite pas plus d’une demi-journée d’hospitalisation.

4 . L’IVG ne rend pas stérile

Non, effectuée dans de bonnes conditions, par un médecin, l’IVG (médicamenteuse ou instrumentale) ne rend pas stérile. Et il est possible d’être enceinte 1 mois après avoir recouru à une IVG. En France 1 femme sur 2 aurait recours à l’IVG dans sa vie. Et les femmes françaises ont le plus fort taux de natalité en Europe. Ce sont les mêmes femmes !

5 . L’IVG n’est pas utilisée comme « banal » moyen de contraception

On a pu entendre cette idée monstrueuse : l’ « avortement de confort » !!!! Ça vous fait bondir sur votre siège ? C’est normal. Si l’IVG est un acte médical fréquent, et donc sûr, il n’est pas « banal » ni fun, ni « de confort ». Comme tout acte médical j’ai envie de dire. Plus de 2/3 des avortements surviennent suite à un échec de la contraception (97% des femmes en France utilisent un moyen de contraception et, on le sait, les moyens de contraception ne sont pas efficaces à 100%). Les IVG concernent chaque année environ 1,5 % des femmes d’âge reproductif. Soit environ 200 000 IVG par an.

6 . La mère de Norman Bates aurait dû y réfléchir

Il ne fait aucun doute que Norma Bates, la mère incestueuse du tueur en série Norman Bates de la série Bates Motel, aurait vraiment dû y réfléchir sérieusement avant de mettre au monde… un tueur en série psychopathe. Un avortement aurait été la meilleure des choses pour elle certainement (et les victimes de son fils surtout). Et de nombreuses macabres histoires ne se seraient pas déroulées… Maintenant, les fans de la série voudront peut-être débattre ce point, je comprends…

7 . L’IVG ne favorise pas le cancer du sein

Les récentes études faites à ce sujet ne montrent aucun lien entre IVG et cancer du sein. Cette idée reçue fait donc partie de la panoplie de peurs véhiculées par certains « anti-IVG ». Rappelons, jute comme ça, que la « loi Neiertz » du 7 janvier 1993 a créé le délit d’entrave à l’IVG et la loi du 20 mars 2017 a étendu le délit d’entrave à l’IVG au numérique.

8 . L’IVG est remboursée par la Sécurité sociale

L’IVG est un acte médical pris en charge à 100 % par la Sécurité sociale, donc entièrement remboursé. La loi du 31 décembre 1982 dite « loi Roudy » instaure le remboursement de l’IVG par la Sécurité sociale. Depuis mars 2013 la prise en charge est de 100 %. Pour toutes les femmes mineures ou majeures. Et, depuis avril 2016, tous les examens indispensables à l’IVG sont eux-aussi remboursés à 100%.

9 . Les mineures n’ont pas besoin de l’autorisation parentale

Une jeune fille mineure peut recourir à une IVG sans l’autorisation parentale ou même contre l’avis de ses parents. Elle peut avorter sans en informer ses parents. Dans ce cas, elle doit être accompagnée d’une personne majeure de son choix. Un entretien psycho social est obligatoire, préalablement à l’avortement.

Et, non, l’IVG n’est pas plus utilisée par les filles mineures que par les femmes majeures. Les femmes ont recours à l’IVG à 27,5 ans en moyenne (chiffre pour 2011).

10 . Le droit à l’IVG en France fut l’un des combats de Simone Veil (et le combat n’est jamais terminé)

La loi de 1975 dépénalisant l’interruption volontaire de grossesse est dite « loi Veil », et a été préparée et présentée par Simone Veil. Elle était alors ministre de la Santé et c’est le président Valéry Giscard d’Estaing qui lui avait confié ce dossier (brûlant). Simone Veil a présenté son projet de loi lors d’un discours (historique) devant une Assemblée nationale très majoritairement constituée d’hommes. Le débat des jours suivants a été houleux avant que le texte ne soit adopté. « Je voudrais tout d’abord vous faire partager une conviction de femme — je m’excuse de le faire devant cette Assemblée presque exclusivement composée d’hommes : aucune femme ne recourt de gaieté de cœur à l’avortement. Il suffit d’écouter les femmes. […] Ce qu’il faut, c’est que cette responsabilité, la femme ne l’exerce pas dans la solitude ou dans l’angoisse. »
 
Chiffres : source Ined.

Rédigé par

Marie-Aube

Rédactrice web et print indépendante depuis plus de 10 ans, auteure et blogueuse, passionnée par l’écriture. So What ? est mon blog, engagé, féminin, créatif, drôle et sérieux.